Patrimoine
L'Eglise Saint-Julien
La construction de l’Église débute en 1425 pour se terminer, telle que nous la voyons, en 1781, par Anne de Givry. Elle est placée sous le vocable de Saint-Julien, martyrisé à Brioude pendant l’ère de Dioclétien, en 303, qui était titulaire de la paroisse de Bannay.
L’ Église possède un vitrail le représentant en soldat romain, l’épée à la main gauche et la palme du martyre à la droite. Non loin de l’Église, dans le Val de Loire, une fontaine portait le nom de Julien. Ce Saint était invoqué pour les maux des yeux.
Dans la seconde moitié du XV ème siècle, les moines de Tours rebâtissent le chœur actuel de l’Église. La voute a des nervures retombant sur des culs de lampe sculptés; sur l’un, à droite, on voit deux anges portant un écusson avec les lettres M.A. et en dessous un cœur avec les lettres C.O. puis, sur celui de gauche, on lit les lettres S.E. séparées par une épée nue, la lettre S étant sculptée inversée. Bienfaiteurs qui demeureront mystérieux. Les fenêtres d’origine sont décrites comme étant remarquables.
Aux environs de 1500 : Matthieu et Jean de Givry font construire une partie de la nef, jusque là où est visible, encore, dans la voute la reprise de maçonnerie.
1562 : les Calvinistes et les Huguenots détruisent la nef toute neuve, brisent les vitraux d’origine et les fenêtres du chœur.
Blaise, fils de Jean, rebâtit la première partie de la nef, Claude, arrière petit-fils de Blaise, reprend les travaux.
1781 : Anne de Givry, fille de Claude, quatrième génération après Blaise, termine la construction de l’Église.
Le curé Lejeune écrit sur le livre de la paroisse, en date du 31 décembre : « Cette même année a été fini l’ouvrage de l’allongement de 23 pieds de l’église et de sa façade qui a été substituée à l’ancien pignon dans lequel était la cloche. La nef a été éclairée par 4 croisées et les murs ont reçu leur habillement ». (23 pieds = 7,452 mètres)
1783 : les fonts baptismaux ont été faits par Desportes, menuisier à Cosne, en même temps que la chaire.
1786 : Desportes fait le confessionnal et le banc des chantres (conducteurs de louanges).
Les fonts baptismaux et le confessionnal sont d’une grande beauté d’exécutions. Ils constituent, avec les boiseries de 1770, un mobilier de grande valeur. Ils sont elliptiques et garnis de pilastres cannelés et redentés avec un dôme ondulé et une calotte godronnée.
Avec les bancs de chantres, ces objets mobiliers sont classés parmi les monuments historiques ainsi que le crucifix du XVIII ème siècle, en bois peint.
Moulin
Le moulin de la Planche existe au XVIII ème siècle; reconstruction au même endroit au cours du 4 ème quart du XIX ème siècle.
Il était en activité jusqu’à la fin du XIX ème siècle.
La roue est encore en place.
Lavoir
Le lavoir de Bannay se trouve sur les bords du ruisseau de la Belaine, au lieu-dit « Les Chenus ». Celui-ci est un petit lavoir où au temps jadis, les lavandières se racontaient leur journée.
Une légende habite ce lavoir :
Les eaux de ce lavoir auraient, selon une légende très ancienne, une vertu bien particulière : celle de pouvoir refléter les âmes.
Le prince des rivières désirant prendre femme dans le monde des humains, se mit en quête d’une épouse digne de son royaume. Pour ce prince qui était fort bon, la beauté du coeur prévalait sur celle du corps. Il hantait donc les rivières où les jeunes filles venaient laver leur linge. Il les écoutait parler et tentait de deviner leur personnalité au travers de leurs propos.
A Bannay, il y avait une lavandière, du nom de Célestine, qui était très laide, si laide qu’aucun garçon du village n’aurait accepté de sortir avec elle et encore moins de la demander en mariage. Et pourtant, Célestine avait un coeur d’or, elle ne se plaignait jamais et aux quolibets des villageois, elle répondait par un gentil sourire. Courageuse et charitable, elle s’acquittait de ses tâches quotidiennes et aidait souvent les autres lavandières qui la plantaient là avec leur linge et s’en allaient au bal.
Un jour qu’elle se trouvait encore en ces lieux à savonner et taper le linge, à une heure indue, un jeune homme apparut. Elle n’avait jamais vu un être aussi beau et si élégant et Célestine ne put retenir un cri qui exprimait autant la surprise que l’admiration.
– Pourquoi n’êtes vous pas au bal avec les autres filles du village? lui demanda-t-il.
Célestine rougit et répondit que ces distractions n’étaient pas pour elle et que c’était du temps perdu, mais qu’elle se réjouissait à l’idée que ses amies passaient un bon moment…
-Et pourquoi donc ne serait-ce pas pour vous? insista le prince.
Avec un léger sanglot dans la voix, Célestine répondit :
-C’est que ma laideur leur gâcherait la soirée.
-Quelle laideur ? lui dit-il. Je ne vois que beauté et bonté sur votre doux visage…
Persuadée qu’il se moquait d’elle, Célestine reprit tristement son battoir et se remit à l’ouvrage, et alors qu’elle se penchait vers la rivière pour rincer une pièce de linge, l’image qu’elle y vit lui fit croire un instant qu’une belle princesse se tenait derrière elle. Elle se retourna pour la contempler, mais il n’y avait personne, hormis le prince, qui assis sous un arbre l’observait avec tendresse. Célestine interdite, se pencha de nouveau vers l’eau calme, dont le miroir lui renvoya le même visage à la beauté parfaite. Le prince, en souriant, s’approcha d’elle :
-Laissez donc votre besogne, ma mie, lui dit-il, et accompagnez-moi dans mon royaume que votre bonne âme rendra le plus beau de l’univers.
Célestine accepta. Un lavoir fut ensuite construit à l’emplacement même où se passèrent les faits et depuis ce jour, celui qui se mire dans son eau se voit beau ou laid, selon l’état de son âme… Si vous ne me croyez pas, essayez donc vous-même….
Ecluse et Canal
Le canal a été construit entre 1822 et 1838 pour le trafic fluvial et mets fin complètement à la navigation difficile, souvent impossible, sur la Loire, qui est un fleuve très capricieux.
Il absorbe la fontaine qui alimentait le bourg en eau et le lavoir y attenant qui se situe à 400 mètres en amont de l’écluse.
Château
D’après certaines sources, la famille De Givry, déjà bien implantée sur les terres de Bannay, aurait acheté le lieu-dit « la Grande Maison » en 1660, emplacement probable du château actuel. Le parc aurait été dessiné, d’après la tradition, par l’école de Le Nôtre. Les travaux de construction commencèrent au début du XVIII ème siècle par les communs (une des portes d’accès porte la date de 1724). Le lieu-dit la Grande Maison est érigé en fief noble en 1780, époque probable de la reconstruction du château.
Le château a été agrandi et restauré vers 1840 puis, de nouveau, en 1902.
Une chapelle signalée sur le cadastre de 1819 et existait encore à la fin du XIX ème siècle.
Aujourd’hui, ce château est une propriété privée.
Bois de Charnes
TERRE DE MÉMOIRE
De part et d’autre de la colline de Sancerre, deux buttes boisées s’élèvent à plus de deux cents mètres au-dessus du niveau du Val de Loire. La silhouette des trois buttes vues depuis la rive droite est la « signature » des paysages sancerrois. Elles écrivent la limite des paysages du Cher et l’isolent d’un contact direct avec le Val de Loire et la Nièvre. Les buttes de Thauvenay, au Sud, et de Charnes, au Nord.
Le bois de Charnes est composé d’un fond de taillis et de futaies mélangés ; la futaie feuillue de chêne rouvre et de hêtre occupe la partie centrale et des parcelles de futaie résineuse, essentiellement peuplées de pins se répartissent sur la périphérie du massif. Sur près de 1000 hectares sur la commune de Bannay aux limites de Sury-en-Vaux et de Saint-Satur.
La forêt existait déjà au temps des Celtes et des Druides. De jolies fontaines et des étangs en faisaient un lieu de pèlerinage selon la religion dominante. La forêt elle-même se serait nommée « Karn » ce qui, chez les Celtes, voulait dire « lieu sacré des Druides ».
En 1167, les moines des ordres de Grandmond édifièrent leurs Celles et le Comte Estienne de Sancerre leur donne tous les droits pour disposer des lieux à leur guise. Il donne également les ruines de la Villa de Carnis qui a été construite au temps de l’occupation romaine.
En 1421, le prieuré de Charnes est pillé puis détruit par une garnison anglaise. Il ne reste aujourd’hui que la maison du garde forestier, vestige de la chapelle (datant de la fin du XVII ème siècle). Les abbayes de Saint-Satur et de Saint-Romble sont également pillées. Les moines sont alors frappés d’une rançon qu’ils ne peuvent payer. Six sont tués, cinquante sont faits prisonniers, ligotés, jetés à la Loire à Saint-Thibault. Huit de Saint-Satur s’échappent et se réfugient au Château de Buranlure (à Boulleret).
Cette belle forêt abrite une faune et une flore diversifiée : les loups y ont séjourné lors de l’hiver rigoureux de 1917 avant d’y être chassé. Des hordes de sangliers trouvent là un refuge ainsi que d’autres animaux sauvages (chevreuils, lièvres, lapins, oiseaux,…).
De magnifiques chênes furent abattus pour la reconstruction des régions dévastées par la guerre.
Dévotion et superstition :
Parmi les fontaines, au nombre de 5 : Fontaine de Charnes, Saint-Eutrope, du Pré d’Elchy, Lopin ou d’Aupin, Autour ou Autor, Grandes Vallées ; il y en a une qui retient l’attention :
La Fontaine Saint-Eutrope : on lui prête de nombreuses vertus. Celle de guérir de nombreuses fièvres, les maladies des yeux, les œdèmes. Un trésor y serait enfoui et ne serait visible qu’une seule nuit par an mais garde à celui qui se laisserait prendre, il serait enfoui à tout jamais dans les eaux de la fontaine.
Depuis la nuit des temps, il était coutume de célébrer cette fontaine le 1er dimanche de mai. Les pratiques de dévotions furent remplacés par des superstitions et les villageois venait cueillir le muguet, danser, chanter. Les jeunes filles jetaient une épingle dans la fontaine, si celle-ci tombait droite et s’enfonçait dans l’eau la tête en l’air, elles trouvaient à se marier dans l’année.
La fin d’un lieu de mémoire :
Cette forêt privée est passée successivement entre plusieurs propriétaires puis à de grands groupes d’exploitation.
Jadis ouverte à tous, elle est maintenant interdite d’accès.
Pont du Chemin de Fer
La construction du pont du chemin de fer a commencée en octobre 1890 par la compagnie des Chemins de Fer de Paris à Orléans, ce qui lui donne le nom local de « Pont du P-O ». Elle s’est terminée en juillet 1893. Il mesure 850,70 mètres, le pont métallique enjambe le Ru et la Loire, rejoint la rive droite de celle-ci à « Port Aubry », sur la commune de Cosne-sur-Loire dans la Nièvre.
Cette ligne est conçue, à l’origine, pour le transport militaire entre Bourges et Cosne-sur-Loire.
Le pont est bombardé en juin 1944. La ligne est exploitée jusque dans les années 1950 et 2000 pour les marchandises.
Depuis 2005, le « cyclorail du Sancerrois » utilise ce pont et l’ancienne voie ferrée pour un circuit touristique de 7,8 km entre Cosne-sur-Loire et Saint-Satur.
Il figure parmi les plus longs ponts en treillis ferroviaires de France.
Puits d'Amour
Le Puits d’Amour a été construit dans les années 1830 par l’administration du canal latéral à la Loire. C’était un lieu de rassemblement et où les jeunes se laissaient des messages entre les pierres du puits pour communiquer.
Il a ensuite été rasé et recouvert d’une dalle pour enfin devenir un arrêt de bus.
La réfection de ce lieu emblématique pour les Bannaisiens a été faite en 2015. Afin de redonner toute sa place, le puits a été inauguré le 18 novembre 2015.
Ile de Cosne
A une époque lointaine, la Loire coulait beaucoup plus à l’Ouest que maintenant. Elle passait aux Fouchards, puis plus loin arrosait Léré. La rivière du Moulin Neuf, dans son cours actuel, emprunte l’ancien lit de la Loire.
En face Cosne, entre le fleuve et le Nohain, de grands terrains servaient de pâturage aux bestiaux.
Quand la Loire changea de lit et se rapprocha de Cosne, ces pâtis se trouvèrent entourés d’eau et formèrent une île.
Seigneur du PESEAU depuis la fin du XVII ème siècle, Étienne PERRINET régla les droits de dîme aux chanoines du Chapître de Saint Martin de Tours, devenant ainsi propriétaire desdits pâtis. Il emblava ceux-ci et y planta des peupliers.
Les curés de Cosne émirent, bien plus tard, quelques réserves sur cette dîme, afin de conserver les droits de la ville sur les pâturages. Entre autre, un curé de Saint-Agnan, du nom de BOURGEOIS, consigna ces réserves dans une transaction faite à l’évêque d’Auxerre devant Du NESSIR et son confrère, notaires à Auxerre, le 16 septembre 1774.
Ces prêtres étaient trop faibles pour résister à la force de la puissance féodale et ils ne purent rien obtenir. En 1773, le Comité de la ville de Cosne réclama à nouveau et demanda l’autorisation de reprendre l’île pour le compte de la commune. Cette demande resta nulle et aujourd’hui, l’île de Cosne communes de Bannay et de Boulleret, continue de faire partie du domaine du PESEAU.
réf : archives municipales de Cosne-Cours-Sur-Loire.